Vous avez sûrement déjà aperçu la tour de contrôle de l’aéroport de Genève. Avec ses 40 mètres de hauteur, elle est visible de loin et domine la piste. Mais ce n’est pas la seule sur la plateforme. Une deuxième tour, appelée tour trafic, située au beau milieu du tarmac, gère la circulation des aéronefs non pas dans le ciel mais au sol. On peut aussi apercevoir sur le toit de l'ancienne aérogare la tour Tintin, mais elle n’est plus en activité.
La tour Goldorak
Surnommée «Goldorak» en raison de sa ressemblance avec le célèbre robot japonais, la tour de contrôle de l’aéroport de Genève gère les services d’approche ainsi que les décollages et les atterrissages.
Il faut savoir que l’espace aérien en Europe se fonde sur les frontières nationales. Chaque pays a autorité au-dessus de son territoire et dispose d’un organisme pour gérer le trafic aérien dans la partie de ciel qui lui «appartient». Dans les zones frontalières, les organismes de contrôle peuvent avoir des zones de responsabilités au-delà de leurs frontières.
En Suisse, c’est la société Skyguide qui assure cette fonction. Elle fournit donc à l’aéroport de Genève les services d’approche ainsi que les manœuvres de décollage et d’atterrissage.
Prenons un exemple concret : un avion réalise un vol Séville-Genève. L’appareil est guidé par les services espagnols de la navigation aérienne, puis les services français au moment de son passage au-dessus de la France, et enfin, lors de son entrée en Suisse, par Skyguide. Les contrôleurs aériens ont des équipements radars et radio pour suivre et être en contact avec les pilotes.
Trois étapes vont alors se succéder, toutes entre les mains de Skyguide :
1- Les contrôleurs du Centre de contrôle régional de Genève vont guider l’appareil sur sa route au-dessus du territoire suisse. Leur mission est de surveiller l’espace aérien au-dessus de la Suisse, mais aussi des zones limitrophes dont la gestion leur est déléguée.
2- Le pilote sera ensuite assisté par les contrôleurs d’approche. Ils vont diriger l’appareil en phase descendante depuis l’espace aérien supérieur en direction de l’aéroport. Leur mission est de surveiller les appareils dans un rayon d’environ 50 km autour de l’aéroport.
3- Enfin, les contrôleurs de la tour de contrôle vont donner l’autorisation à l’appareil d’atterrir sur la piste et le guider dans cette manœuvre.
La tour trafic
La tour AMS (Apron Management Service) de Genève Aéroport, plus communément appelée la tour trafic, se trouve au milieu du tarmac, sur le toit du terminal principal. Sa mission : gérer le trafic au sol sur la partie sud du tarmac.
Contrairement aux voitures, les avions de ligne ne sont pas équipés de rétroviseurs. Les pilotes ne savent donc pas ce qui se trouve derrière eux ou sur les côtés. Comme en l’air, ils ont besoin d’assistance pour éviter de percuter un autre avion ou un obstacle. A Genève Aéroport, c’est la tour trafic qui assure cette mission de soutien.
Dès qu’un avion pose ses roues sur la piste et qu’il s’apprête à rentrer sur le tarmac, il quitte la responsabilité de Skyguide pour passer sous celle des contrôleurs de l’AMS. Ils le guident jusqu’à sa place de stationnement en lui indiquant la route à suivre ainsi que sa position. Un véhicule « follow-me » peut être envoyé à sa rencontre pour le guider si besoin.
Peu d’aéroports disposent d’une infrastructure dédiée au trafic au sol : il s’agit d’une spécificité de Genève Aéroport.
Voici les raisons de cette particularité :
- La densité du trafic : 163’000 mouvements en 2022
- La petite taille de l’Aéroport : une seule piste sur 3.9 km et un tarmac relativement réduit
- La mixité du trafic : les avions de ligne côtoient les jets privés, les vols diplomatiques, les hélicoptères…
Contrairement au pilote dont le champ de vision est restreint, le contrôleur aérien voit et sait tout ce qu’il se passe sur le tarmac. Il dispose de radars permettant de suivre les avions en vol, en approche, et sur la plateforme.
« Garer un avion sur le tarmac, c’est un peu comme jouer à Tetris. On a le trafic d’un grand aéroport sur un terrain de jeu restreint. Il faut donc jongler pour parvenir à faire circuler tout le monde de manière fluide et sans accrochage », explique Paul-Louis Porteron, Chef du service gestion des aires de trafic.
Après avoir suivi la voie de roulage indiquée le contrôleur, l’appareil va se garer sur sa place de stationnement. Ici encore, il sera assisté :
- D’une mire de guidage : un appareil électronique lui indiquant son point d’arrêt précis
- Ou d’un marshaller (aussi appelé placeur) : il va le guider jusqu’à son arrêt complet à l’aide de bâtons.
La tour Tintin
La tour Tintin, appelée ainsi car elle figure dans l'album « L'Affaire Tournesol », est la première tour de contrôle de Genève Aéroport. Mise en service en 1950, elle a été modernisée au fil des années, jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par la tour Goldorak en 1984.
Située sur le toit de l'ancienne aérogare, elle n’est plus utilisée. Elle fait désormais office de solution de repli à l’AMS en cas d’urgence (incendie, panne…). Elle peut être remise en opération en quelques minutes.
Auteur
Anne-Elisabeth Celton
Rédactrice