Sur la piste longue de 3'900 mètres, un ballet discret mais vital se joue plusieurs fois par jour. Entre deux mouvements d’avions, des véhicules jaunes surgissent à vive allure depuis chaque extrémité. Leur objectif : détecter le moindre débris au sol pouvant mettre en péril la sécurité des vols.

Inspection de la piste à Genève 

Les passagers ne les remarquent pas, pourtant, les agents de l’Autorité Aviation effectuent l’un des 6 contrôles quotidiens de la piste à Genève Aéroport, avec si nécessaire, des contrôles supplémentaires. Il s’agit d’une étape essentielle et obligatoire pour garantir la sécurité des vols. À bord de véhicules spécialisés, ils inspectent visuellement chaque centimètre, traquant boulons, joints de dallage, morceaux de caoutchouc ou autres objets indésirables.

>>> 2’389 contrôles de piste ont été effectués en 2024

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Contrôles réguliers chaque jour

La règlementation impose aux aéroports d’effectuer au moins quatre contrôles de piste planifiés. A Genève Aéroport, 6 sont réalisés chaque jour.

  • 04h45 : 1 contrôle détaillé avant l’ouverture de la piste 
  • En journée : 4 contrôles planifiés 
  • Fin de trafic : 1 contrôle après le dernier mouvement.

Contrôles complémentaires

  • après une alarme avion 
  • avant un vol effectué la nuit (vols diplomatiques, sanitaires) 
  • après les opérations de dégommage de la piste
  • la fauche des prairies 
  • après des chantiers spécifiques.

Une coordination millimétrée avec la tour Skyguide 

La Tour de contrôle Skyguide a la responsabilité de la piste : c’est elle qui coordonne le ballet des avions et autorise, entre deux mouvements, le contrôle de piste. 

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Pour limiter le temps d’occupation de celle-ci, jusqu’à 4 véhicules sont déployés simultanément, à partir des deux extrémités de la piste, pour effectuer l’inspection. A mi-chemin, les véhicules se rejoignent et ressortent par les voies d’accès, selon une chorégraphie bien orchestrée. Durée moyenne : 2 minutes !

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Seul le contrôle du matin, effectué par un seul véhicule avant l’ouverture au trafic, dure 45 minutes. En effet, Genève Aéroport ne dispose que d’une seule piste : les travaux sur celle-ci ont lieu la nuit.

« Après un chantier, le risque d’un outil oublié n’est pas négligeable », explique Milos Obradovic, Chef de groupe autorité aviation.

A la chasse aux « Foreign Object
Debris »

En aéronautique, les FOD (Foreign Object Debris) désignent ces corps étrangers présentant une menace pour la sécurité aérienne. Joints de dallage, morceaux de métal, cailloux, déchets, outils : la moindre petite pièce peut provoquer des dégâts significatifs sur les avions. 

>>> 35 FOD (hors faune) retrouvés sur la piste en 2024

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Les FOD découverts sur la piste entraînent, selon leur nature, l’ouverture d’une enquête du Safety Office de Genève Aéroport. C’est pourquoi ils sont conservés pendant 30 jours dans les locaux du service Autorité Aviation.

Chocs animaliers

L’unité de Prévention du Péril Animalier (PPA) a pour mission d’effaroucher les animaux qui s’approchent trop de la piste. Renards, étourneaux, corbeaux sont autant d’espèces susceptibles de provoquer des chocs avec les avions.

Bien qu’elle soit active en permanence du lever au coucher du soleil, en 2024 :

>>> 73 chocs confirmés, surtout des oiseaux
>>> 4,08 chocs pour 10’000 mouvements

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Pour autant, des dépouilles d’animaux font partie des FOD parfois découverts sur la piste. Oiseaux victimes d’un jet blast (mouvement créé par le souffle des réacteurs), serpents écrasés par les roues d’un avion : les découvertes sont diverses. 

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Le service du péril animalier à la rescousse

Ces contrôles de piste minutieux sont essentiels pour assurer la sécurité des opérations aériennes à Genève Aéroport. Ils permettent de garantir la fluidité du trafic et des trajets en toute sérénité pour les passagers. 

   
 

Auteur

Anne-Elisabeth Celton

Rédactrice