Les pompiers de l’aéroport de Genève fêtent leurs 75 ans en 2023. À cette occasion, un week-end portes ouvertes est organisé les 13 et 14 mai, de 10h à 16h. Cet événement, gratuit, est ouvert sur inscription. Une occasion unique de découvrir la caserne à travers des ateliers!
À l’origine, un seul homme
Le Service de Secours de l’Aéroport de Genève (SSA) est né de l’essor de l’aviation civile, après la seconde guerre mondiale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: avant la guerre, le nombre de passagers n’atteint pas les 20'000 par an. En 1946, il grimpe à 70'000 pour bondir à 166'000 en 1947. La piste bétonnée de 2’000 mètres de l’aéroport de Genève permet de recevoir de gros appareils. En 1947, le trafic transatlantique commence avec le premier vol Genève – New York réalisé avec un DC-4 de Swissair!
En mai 1948 naît donc le Service de Secours de l’Aéroport (SSA). Un pompier est engagé. Il s’appelle Paul Desbaillet. La mission de cet unique employé, installé dans un baraquement en bois, est de réagir en cas d’accident ou d’incident sur la piste. Il n’a alors à sa disposition qu’un seul camion à eau et une jeep équipée de quatre extincteurs!
L’équipe s’étoffe rapidement et en 1953, 24 pompiers permanents complètent le Service. Désormais, ils portent un uniforme officiel (une salopette ornée d’un écusson genevois) et ont à leur disposition sept véhicules.
Un Corps qui se professionnalise
Le Service de Secours de l’Aéroport se professionnalise au fil des années. En mai 1968, lors de l’inauguration de la nouvelle aérogare, le SSA déménage dans de nouveaux locaux (ses locaux actuels), presque exactement en milieu de piste. En effet, les règlements internationaux imposent de pouvoir intervenir en moins de trois minutes n’importe où sur la plateforme ! Autant donc se poster au milieu de celle-ci.
En 1978, 93 sapeurs d’aviation ont pour mission de garantir la sécurité du site aéroportuaire, des passagers et des collaborateurs. Le SSA perfectionne sa formation. Les hommes s’exercent également à l’étranger, notamment en Angleterre, pour maîtriser différentes techniques d’intervention sur des grands feux d’hydrocarbures, exercices interdits en Suisse.
Au fil du temps, le SSA ne va cesser de s’étoffer, en se dotant notamment d’une section chargée du contrôle de sûreté des passagers en 1994 ou encore d’une section sanitaire en 2003. Cette dernière fête donc cette année ses 20 ans.
À quoi ressemble aujourd’hui le SSA? Il a tout d’abord changé de nom en 2018 pour devenir le Service de Sauvetage et de Lutte contre les Incendies Aéroportuaires (SSLIA). L’équipe est actuellement formée de 80 sapeuses et sapeurs-pompiers professionnel(le)s, de plus de 20 ambulancières et ambulanciers, d’une quinzaine d’opérateurs pour la Centrale d’engagement et d’un état-major de 7 collaborateurs.
Chaque jour, une permanence est assurée par 13 sapeurs-pompiers professionnels. Leur mission est de couvrir les risques présents sur la plateforme aéroportuaire. Ceux-ci sont évidemment liés au trafic aérien, mais aussi à la présence de nombreux bâtiments, de stations essence, de tunnels routiers…
De l’exercice à la réalité
Plusieurs événements ont marqué l’histoire des pompiers de l’Aéroport, comme l’exercice «Bravo», en 1982. C’est le premier exercice de ce type organisé par le SSA afin d’être en conformité avec les règlements de l’Organisation de l’Aviation Civile internationale (OACI). Il met en scène, de manière ultra-réaliste, le crash sur la piste d’un DC-7 chargé de transporter 80 recrues. L’objectif est de tester les capacités de réaction du SSA et la coordination de tous les moyens impliqués dans une opération de secours en cas de catastrophe.
Le 17 mai 1982, cinq mois plus tard, quasiment jour pour jour, un Boeing 707 d’EgyptAir effectue une approche trop courte. L’appareil sort de la piste, perd un réacteur et son train gauche, effectue un tête-à-queue et s’immobilise à la perpendiculaire. En un peu plus d’une minute, les hommes du SSA sont sur place et parviennent à circonscrire le début d’incendie des réservoirs tandis que le kérosène s’écoule sur la piste. Quelques passagers se blessent en sautant de l’avion avant que les toboggans ne se soient déployés mais aucun décès n’est à déplorer. L’histoire du SSA est marquée par cet unique crash sur la piste.
Autre événement marquant: «la neige du siècle», en février 1985. Soixante centimètres de neige s’abattent sur le canton en une nuit. L’Aéroport est paralysé pendant 56 heures, 432 vols sont annulés. Les hommes du SSA sont en première ligne pour dégager la piste. Au final, 400'000 m3 de neige seront déblayés. Les gros tas de neige disposés dans les prairies de l’aéroport ne fondront d’ailleurs qu’au mois de mai!
Bien d’autres événements ont marqué l’histoire et l’activité du SSLIA. Le week-end portes ouvertes organisé en mai est une occasion unique de découvrir l’histoire et le quotidien des pompiers de l’Aéroport.
Lire également
Deux avions encastrés pour un exercice de crise à Genève Aéroport
Auteur
Anne-Elisabeth Celton
Rédactrice