Connu pour ses rafales imprévisibles, le vent Joran est un phénomène météorologique typique de la région genevoise. À Genève Aéroport, il peut influencer les décollages, les atterrissages et la gestion des vols. Décryptage d’un vent aussi fascinant que redouté.
Le Joran : un vent qui vient du Jura
Le Joran est un vent froid et sec qui souffle principalement du nord-ouest, s’écoulant par-dessus les montagnes du Jura. Il existe deux types de Joran :
1 Le Joran régional
Assez régulier, il se lève après le passage d’un front froid. Ce phénomène se produit surtout lorsqu'une masse d'air froide descend des montagnes et se précipite en vallée. Il s’ensuit une chute de température et des conditions de vent parfois violentes.
- À Genève, les rafales peuvent souffler jusqu'à 80 km/h (voire plus dans des cas exceptionnels).
- Il peut être ressenti dans une vaste région allant du genevois à la région des Trois-Lacs.
2 Le Joran d'orage
Très irrégulier et plus local, il est aussi plus difficile à prévoir. Il peut s’abattre avec force sur le lac lorsque des cellules orageuses se trouvent sur les crêtes du Jura et provoquent des vents froids descendants jusqu’en plaine.
- Le Joran est souvent accompagné d'un mur nuageux qui borde le Jura : on parle alors des fameux « rouleaux de Joran ».
- On voit aussi parfois des lignes de cumulus parallèles au Jura : leur structure est liée aux ondulations des vents en altitude suite au passage de la crête du Jura.
Quel impact sur les opérations aériennes à Genève ?
Les avions décollent et atterrissent face au vent. A Genève, l’axe de la piste correspond à celui des vents dominants : du sud-ouest ou du nord-est. Dans le cas du Joran, le vent vient du nord-ouest : il s’agit donc d’un vent de « travers » (on utilise souvent le terme anglais, crosswinds), qui peut constituer un défi pour les pilotes.
1 Décoller et atterrir avec un « crosswinds »
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Au décollage
Les pilotes doivent ajuster en permanence la direction de l'avion pour maintenir une trajectoire stable et éviter que l'avion ne dévie de sa ligne de décollage. Ce phénomène est appelé « dérive » : les pilotes utilisent des techniques spécifiques pour gérer cela.
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A l’atterrissage
Cette phase de vol est encore plus sensible aux effets d'un vent de travers. Le pilote doit effectuer des corrections constantes. Cela peut entraîner des mouvements latéraux de l'avion qui sont contrebalancés à l'aide des gouvernails et des ailerons pour maintenir l'alignement avec la piste. L’atterrissage peut donc être mouvementé pour les passagers.
2 Retards ou annulation de vols
Le vent de travers provoqué par le Joran peut aussi avoir des conséquences opérationnelles.
- Sens de piste
En cas de Joran, la piste peut être balayée par une brise dominante dans un sens et des rafales dans un autre.
« La Tour de contrôle Skyguide peut décider de retarder des mouvements d’avion jusqu'à la stabilisation du vent dans une seule direction », explique Loïc Tribolet, de Skyguide.
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- Espacement des mouvements d’avion
La tour de contrôle Skyguide peut également décider d’espacer davantage les mouvements d’avions afin de permettre aux appareils d’effectuer des remises de gaz. Cette procédure se produit lorsque les appareils ne parviennent pas à atterrir en raison des brusques changements de direction de vent et entament une nouvelle approche en remettant les gaz.
- Ouverture de circuits d'attente
Si le vent est trop fort, des aéronefs peuvent préférer atterrir sur un autre aéroport, ou entamer un circuit d’attente en attendant des conditions plus favorables.
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Le vent Joran est un phénomène météorologique géré avec expertise par l’aéroport de Genève. Grâce à des prévisions météorologiques fiables et quotidiennes avec MétéoSuisse, des équipements modernes et des équipes compétentes, l’aéroport est en mesure de maintenir un fonctionnement efficace et sûr face à ce vent redouté mais plutôt peu fréquent sur l’aéroport.
Auteur
Anne-Elisabeth Celton
Rédactrice