Une jeune entreprise toulousaine a réussi à faire voler un avion électrique à propulsion hydrogène. L’engin vole à 110 km/h, à une altitude de 700 mètres et est capable de transporter un passager ; le pilote. Une première en France.

Dix décollages et deux vols complets. C’est la prouesse réalisée par le premier avion à hydrogène avec un pilote à bord dans le ciel français. Son nom ? Blériot, du nom de Louis Blériot, le premier aviateur à avoir traversé la Manche. Ses particularités ? Un ensemble propulsif sans émission de CO2 en opération, qui fonctionne avec pour tout carburant 1,2 kg d'hydrogène gazeux compressé à 340 bars dans trois réservoirs. 

Avec une puissance de 85 kW, il ne s’agit pour l’instant que d’un modeste ULM dont le système de propulsion initial composé notamment d’un moteur thermique a été remplacé par une chaîne propulsive hydrogène-électrique, avec moteur électrique et pile à combustible. « On a utilisé un ULM pour éviter de devoir certifier l’appareil, en restant sur un Maximum Take Off Weight (MTOW) inférieur à 525 kilos. Cela nous permet de progresser sans alourdir les procédures ni allonger les délais », explique Irwin Kerboriou, responsable chez Beyond Aero de l’Opération Hydrogène dans les aéroports.


Reste qu’il s’agit d’une victoire d’étape suffisamment importante pour lui valoir d’être lauréate de l’appel à Projets France 2030. Avec les fonds levés, Beyond Aero a une ambition : concevoir un avion d’affaires hydrogène-électrique pouvant transporter 6 à 8 personnes pour des trajets jusqu’à 1500 km. Ce futur avion d’affaires aurait besoin d’une puissance 15 fois supérieure à celle du démonstrateur actuel. 

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Mais Irwin Kerboriou et son équipe sont confiants : « Notre calendrier, c’est de commercialiser notre avion d’ici 2030. Nous avons pris le parti de ne pas « rétrofiter » un avion mais de partir d’une page blanche. Nous construisons donc notre avion autour de la molécule au lieu d’adapter l’avion traditionnel à l’hydrogène. Un des problèmes à résoudre aujourd’hui est le système piles à combustible qui émet autant de chaleur qu’il ne génère d’électricité. Dans notre conception, nous avons fait le choix d’intégrer une entrée d’air pour refroidir le système piles à combustible ». 


Ailleurs dans le monde


D’autres essais sont en cours en France : VoltAero, Aura Aero et Daher. Au Royaume-Uni, ZeroAvia. Aux États-Unis, Universal Hydrogen. Et bien sûr, Airbus, qui travaille à son projet d’avion régional décarboné, Blue Condor. 


Mais tous commencent avec une motorisation hybride ou un rétrofit d’avions existants alors que Beyond Aero vise une nouvelle architecture d’avion configuré dès le départ pour une propulsion 100% hydrogène-électrique. 

Auteur

Marion Emonot