Alain Kerleroux et Catherine Luthi, infirmiers à l’aéroport de Genève, livrent leurs conseils pour éviter les effets parfois déplaisants sur notre organisme d’un trajet en avion. 

Douleurs dans les oreilles 

Vous avez déjà eu cette sensation de pression dans les oreilles au décollage ? Cette gêne est liée à l’altitude et la variation de pression barométrique durant le vol. Elles provoquent des changements de volume d’air dans les cavités gazeuses. Cela se traduit par une dilatation des gaz en phase de montée et l’inverse à la descente. 

Au décollage, ce désagrément va s’atténuer lorsque l’air s’échappera par la trompe d’Eustache. Les oreilles tentent toujours d’égaliser la situation (un claquement peut même être ressenti quand ça s’équilibre).

A la descente, c’est l’inverse, les oreilles ont besoin de plus d’air en ouvrant la trompe d’Eustache. En cas d’échec d’égalisation, cela peut faire très mal et aller jusqu’à la déchirure du tympan (ce qui en soit n’est pas « grave », le tympan cicatrise rapidement). 

>>>> Nos astuces

  • Mâcher du chewing-gum lors des phases de décollage ou d’atterrissage.

  • Pratiquer la technique de Valsalva: bouchez votre nez et envoyez de l’air vers les oreilles.

  • Mettre deux linges humides sur les oreilles avec un gobelet sur chacune et renouveler le Valsalva. 

iStock-971597952

Flatulences et ballonnements

Qui n’a pas ressenti quelques désagréments intestinaux en vol... Ils s’expliquent par l’altitude et la variation de pression barométrique : l’air contenu dans les intestins se dilate. A la clé : une gêne ou des douleurs liées aux ballonnements et flatulences. 

>>> Nos astuces

  • La veille du voyage, préférez les féculents aux fruits ou crudités qui vont fermenter. Évitez les boissons gazeuses ou le chewing-gum avant le vol. Un dernier conseil : ne pas se retenir…. 😊 

Etourdissements et somnolence

Légère tachycardie, céphalées, diminution de l’acuité cérébrale qui peut provoquer des étourdissements ou une légère somnolence : on observe parfois ces effets secondaires chez les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou pulmonaires.

En cause, une hypoxie provoquée par la pression barométrique qui varie durant le vol en raison de l’altitude. La cabine est pressurisée avec de l’air qui vient de l’extérieur, ce qui équivaut à une altitude entre 1’800 et 2’400 m sur terre. Plus l’avion monte, plus la pression diminue. La pression partielle en oxygène est légèrement diminuée en vol (environ de 4%). La quantité d’oxygène disponible pour la respiration sera donc inférieure à la moyenne. 


>>> Nos astuces:

  • Afin de ne pas aggraver ces symptômes, il est important de bien s’hydrater avec de l’eau, éviter les boissons riches en caféine et l’alcool. 

iStock-1061260000

Peau sèche

Sensation de peu sèche, voire qui gratte… Dans les cabines des avions, l’hygrométrie est faible et peut provoquer une fatigue et un dessèchement de la peau et des muqueuses. 


>>> Nos astuces:

•    Bien s’hydrater avec de l’eau : la bière n’hydrate pas !  Les autres types d’alcools sont déconseillés.
•    Appliquer une crème hydratante sur la peau.
•    Mettre des gouttes oculaires de type sérum physiologique, surtout pour les porteurs de lentilles de contact.  

Un goût endormi

Vous trouvez que les plats servis en avion ont peu de goût ? La raison est médicale. L’air sec et le grossissement des muqueuses en lien avec la pression affectent souvent le sens du goût. Selon certaines études, la perception du sucré et du salé pourrait même diminuer de 30%. 

Ce désagrément pourrait expliquer l’attrait fréquent des passagers pour le jus de tomate en altitude, car sa saveur salée diminue et son goût devient beaucoup moins intense. Tout s’explique !

>>> Nos astuces

  • Pas de panique, le problème se règle en s’hydratant. 

Le fameux jet- lag

Nos horloges biologiques (cycles circadiens) sont perturbées par les changements de fuseaux horaires. Certaines sources parlent d’ 1 jour/h de décalage pour retrouver un équilibre. 

L’intensité du syndrome sera plus importante lors d’un voyage vers l’est, l’organisme supportant mieux une journée à rallonge.

Lors d’un voyage d’affaire express, il n’est pas recommandé de s’adapter au nouvel horaire. En revanche, il est judicieux de le faire lors d’un voyage touristique plus long.

>>> Nos astuces: 

  • Si vous voyagez vers l’est, la veille du départ, couchez-vous plus tôt que d’habitude. Pour un vol vers l’ouest, couchez- vous plus tard. Il est aussi possible de se préparer en se décalant d’une heure par jour, dès 3 jours avant le voyage.

  • Préférez un vol de jour qui arrive en soirée à destination. 

  • Dès votre arrivée dans l’avion, mettez-vous à l’heure de votre destination. 

  • Reposez-vous le plus possible durant le vol, mangez léger, évitez l’alcool et le café. 

  • En arrivant, évitez les siestes, et mettez-vous au rythme local. Pratiquez une activité physique qui peut aussi stimuler vos endorphines et exposez-vous au maximum à la lumière.

  • Certaines personnes prennent de la mélatonine (hormone du sommeil qui régularise le rythme veille/sommeil), mais il faut la prendre au bon moment et son efficacité n’est pas démontrée. 

iStock-1336088738

Jambes qui gonflent

Un long trajet en avion peut provoquer un mauvais retour veineux, un gonflement des pieds et (des) jambes, voire un risque de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire. 

Plusieurs facteurs favorisent cela :

  • Être assis en continu (les jambes croisées accentuent les risques)

  • L’immobilité

  • L’hyperviscosité sanguine liée à une déshydratation due à la faible hygrométrie dans l’avion non compensée par une hydratation suffisante et aggravée par l’absorbation d’alcool.

  • Les risques sont encore aggravés chez les personnes tabagiques, en surpoids et/ou sous pilule contraceptive. 


>>> Nos astuces :

  • Il est possible de faire des petits exercices de prévention : contraction et massage des mollets, étirements des pieds, faire quelques pas dans l’avion.

  • Porter des chaussettes ou des bas de contention.

  • Porter des vêtements amples.

  • Eviter les somnifères car une personne qui dort profondément ne bouge pas et ne boit pas. Associés à l’alcool, ils risquent de provoquer une forme de décompensation psychique.

  • En fonction de votre passé médical, de votre état de santé ou d’une chirurgie récente, vous pouvez discuter avec votre médecin de la nécessité d’une injection d’anticoagulant. Si vous êtes en possession d’une ordonnance et de votre médicament, elle peut se faire au sein de l’infirmerie de l’aéroport (vérifier s’il en possède une) avant le décollage.

Cas particulier : le plâtre circulaire

Si vous êtes porteur d’un plâtre circulaire, le gonflement de votre membre plâtré peut provoquer un risque de compression important. Certaines compagnies (dont easyJet) vous refuseront à l’embarquement, d’autres accepteront si votre plâtre a été fait depuis plus de 48h. Ayez un certificat médical de votre médecin qui vous autorise à voler.  Il est néanmoins conseillé d’avoir des plâtres fendus sur toute leur longueur. 

Stress et anxiété

Un départ en avion est souvent très anxiogène (réveil en pleine nuit, stress lié à l’arrivée à l’aéroport, aux formalités d’enregistrement, au passage de la sureté, au bruit). Sans compter les différentes peurs ou phobies plus personnelles : l’angoisse de rater son avion, claustrophobie…

Ce stress risque d’engendrer des conséquences pouvant aller de la perte d’une certaine logique à la crise de panique, en passant par de multiples somatisations (vertiges, douleurs abdominales, transpirations, céphalées, hyperventilation avec crises de tétanies…). Cela peut même provoquer un malaise, mais c’est rare et habituellement sans gravité.


>>> Nos astuces:

  • Utilisez des petits moyens personnels de relaxation (respiration, visualisations...)

  • Anticipez au maximum toutes les actions qui peuvent être contraignantes (bagages, transports), arrivez suffisamment tôt à l’aéroport (jusqu’à 3h les week-ends pendant l’hiver) et évitez ce qui accentue le stress (le café, les boissons sucrées ou énergisantes).


L’infirmerie de Genève Aéroport (022 717 71 90) est ouverte 7jr/7 de 8h à 18h. Elle se situe à l’étage de la zone « Enregistrement » au niveau de la porte C1. Elle est indiquée par des panneaux « First Aid ». N’hésitez pas à demander. Les infirmiers-ières travaillent en binôme et seront enchanté-e-s de vous donner des conseils, d’effectuer un soin ou un contrôle avant votre vol si besoin. Il n’y a pas de médecin à l’infirmerie. 

 

 

Auteur

Alain Kerleroux et Catherine Luthi