Le changement climatique et la réduction de ses conséquences sont l’un des plus grands défis de notre époque. Comme tous les autres secteurs, l’aviation est appelée à contribuer à la réduction des émissions de CO2.
Ainsi en mai 2021, l’Aviation Research Center Switzerland (ARCS) a présenté une «Road Map Sustainable Aviation» fruit d’un groupe de travail composé de représentants de l’Association suisse de l’aviation d’affaires, des aéroports nationaux de Zurich, Genève et Bâle, de SWISS et easyJet, de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) et de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), ainsi que de l’EPF Zurich et de la Haute école spécialisée zurichoise (ZHAW).
Pour André Schneider, directeur général de Genève Aéroport, et président de ce groupe de travail, cette étude apporte la preuve que l’aviation dispose des solutions pour atteindre le zéro émission nette en 2050 conformément aux objectifs de la stratégie climatique du Conseil fédéral.
La «Road Map Sustainable Aviation» Suisse montre comment le transport aérien au départ et vers la Suisse peut réduire ses émissions de gaz à effet de serre et son impact sur le climat et atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2050.
S’appuyant sur les travaux de la recherche mondiale et les travaux des organisations faîtières de l’aviation au niveau mondial, elle se concentre sur quatre ensembles de mesures.
Développer le marché des carburants durables (SAF)
C’est l’ensemble de mesures le plus important! Il consiste à remplacer le kérosène fossile par des carburants biogènes et synthétiques (Sustainable Aviation Fuels, SAF).
Dans ce contexte, les mesures pour développer le marché des SAF sont appliquées aussi bien au niveau de la demande que de l’offre. L’étude considère que cela passe prioritairement par des mesures internationales et transnationales mais qu’elles peuvent être complétées par des mesures suisses.
Promouvoir des avions plus efficaces
Pour les avions long-courriers, la «Road Map Sustainable Aviation» Suisse se concentre sur les mesures visant à accélérer et à renforcer l’utilisation de carburants respectueux de l’environnement. Pour les vols court et moyen distance, elle défend aussi, à côté de l’utilisation de carburants respectueux de l’environnement, l’utilisation des avions à motorisation plus efficiente, comme par exemple des avions électriques ou à hydrogène, qui pourront jouer un rôle à moyen- ou long-terme.
Mettre en place des mesures opérationnelles
L’étude préconise une organisation du trafic aérien plus économe en carburant au sol et en vol. Par exemples, meilleure gestion du trafic aérien (Ciel unique européen, gestion du trafic aérien extra-européenne) ; mesures au sol comme l’électrification des véhicules au sol et l’utilisation des APU pour les avions, etc.
Encourager la compensation
L’étude préconise la compensation du CO2 à court et moyen terme d’abord grâce à la compensation volontaire (passagers et compagnies aériennes) et ensuite la participation au système européen d’échange de quotas d’émission et au Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation (CORSIA). Il faut également développer à moyen et long terme des marchés mondiaux pour les technologies d’émissions négatives (NET) afin de réduire les émissions restantes ayant une incidence sur le climat.
2024: mise à jour du plan de route pour une aviation durable
Le premier état des lieux a été réalisé au cours des derniers mois, sur la base des informations fournies par les acteurs participant à cette feuille de route. Le bilan montre que des progrès ont été réalisés, mais aussi que le chemin vers la neutralité climatique en 2050 est encore long, surtout si nous reconnaissons que l'aviation est encore en train d'assimiler les pertes de la crise COVID. Les progrès les plus importants sont les premières utilisations de SAF, même si elles sont encore assez inférieures au nouveau mandat de 2% en 2025, et la réduction des émissions de CO2 grâce au renouvellement des flottes avec des avions de dernière génération (autour de 2% de réduction des émissions de CO2). Des progrès ont également été réalisés dans le domaine de la réduction des émissions de CO2 de l'infrastructure au sol, mais il convient de noter que celle-ci ne peut apporter qu'une contribution raisonnable (de l'ordre de 5%) à l'objectif de zéro émission nette de l'aviation par rapport aux émissions du côté piste.
Cet état des lieux nous a également permis de déterminer les principaux défis actuels. Il s'agit de : Le prix et la disponibilité de SAF ; le manque de volonté d'investir dans de nouveaux combustibles, tels que les SAF, de la part des producteurs mondiaux de combustibles ; la grande complexité, la grande inertie des processus et des règles qui y sont liés, ainsi que le manque de clarté de la réglementation pour le mandat des SAF de l'année prochaine ; et les besoins d'investissement élevés et partiellement à coordonner. Sur cette base, nous voyons des issues possibles et des précurseurs, comme un soutien actif, également de la part de la Confédération, de cette transition et des priorités encore plus claires. Cela nous permet, après cet état des lieux, de nous en tenir à l'objectif final d'une aviation climatiquement neutre en 2050.
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Auteur
Ignace Jeannerat
Responsable contenus à Genève Aéroport