Genève Aéroport est un aéroport citadin. Cette proximité avec la ville le rend rapidement et facilement accessible: c’est un atout pour les passagers. Mais les nuisances sonores qu’il engendre sont réelles pour les riverains. Conscient de cette problématique, l’Aéroport mène depuis de nombreuses années des actions afin de limiter le bruit lié à ses activités aéroportuaires.
L’empreinte sonore portant sur 2021 n’a pas encore été publiée. Celle portant sur l’année 2020 a reflété la chute du trafic aérien en lien avec l’épidémie de COVID-19. Entre 2019 et 2020, la surface des zones exposées au bruit a diminué de 21 km2. Cette situation était essentiellement liée à la diminution globale des mouvements d’avions (-53,6% en 2020), en particulier après 22 heures (-71,7%).
Genève Aéroport s’est fixé un objectif ambitieux: d’ici 2030, réduire son empreinte sonore au niveau des années 2000*.
*mesures basées sur le nombre de personnes impactées à population égale (2018)
La stratégie bruit de l’Aéroport s’articule autour de 4 axes:
• Réduction du bruit à la source
• Mesures d’aménagement du territoire
• Procédures opérationnelles
• Restrictions opérationnelles
Voici une présentation des mesures phare mises en place par Genève Aéroport.
1. Réduction le bruit à la source avec des avions dernière génération
Les compagnies aériennes sont incitées financièrement à exploiter les avions les plus modernes et donc moins bruyants.
En 2022, les compagnies aériennes ont utilisé des avions de dernière génération. Les avions de la classe 5, moins bruyants et également moins gourmands en kérosène (les Bombardier CSeries, les A 320neo*, les A 350 ou les Boeing 787), ont représenté 24,95% des mouvements d’avions de ligne et charters contre 22,25% en 2021 et 18,7% en 2019. Ensemble, les deux meilleures classes (respectivement 4 et 5) représentent un total de 90,98% des mouvements l’an dernier.
*: les A 320neo sont par exemple 40% moins bruyants et 15% moins polluants.
Répartition des avions par classe de bruit
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2. Taxe contre le bruit
Une redevance bruit, modulée en fonction de la classe de bruit de chaque appareil, est perçue à chaque atterrissage.
Le produit de cette taxe est dédié à l’insonorisation des habitations dans les communes riveraines. Le fonds dédié à l’insonorisation des logements étant bien doté et peu utilisé pendant la durée de la pandémie, la perception de cette redevance a été suspendue temporairement pour 2021, 2022 et 2023.
3. Amortisseur de bruit pour les avions
Genève Aéroport a construit un amortisseur de bruit en 2016 dans la zone sud de la plateforme. Objectif: effectuer les essais moteurs des avions de grande envergure. Ces tests sont réalisés pour diagnostiquer une panne ou vérifier une réparation. Ils sont souvent obligatoires. Jusqu’alors, ils étaient réalisés en extérieur, provoquant un bruit très important. Désormais, la halle absorbe les émissions sonores émises lors de ces essais.
Les avions de plus petite envergure réalisent leurs essais moteurs dans une halle construite en 1985 dans la zone nord de la plateforme.
4. Obligation d’éteindre les moteurs auxiliaires
L’APU (Auxiliary Power Unit) est un turboréacteur qui se trouve dans le fuselage de l’avion. Il fournit l'énergie nécessaire à l'avion lorsque les moteurs sont éteints et lors de l'allumage des réacteurs. Il permet à l‘appareil de refroidir ou chauffer la cabine et de générer de l'électricité.
Problème: il est polluant et très bruyant. Genève Aéroport demande aux pilotes déteindre ce moteur auxiliaire lorsque l’appareil est stationné. Ils doivent se brancher directement aux:
- prises 400Hz installées aux pieds des avions pour obtenir de l’électricité.
- systèmes d'air pré-conditionné pour avion (PCA) afin de chauffer ou refroidir la cabine.
« Avec ce système, on économise 30'000 tonnes de CO2 chaque année, l’équivalent de 4'560 vols Genève-Londres », explique Fabio Bernardo, chef de projet en génie climatique.
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5. 87 millions de francs pour l’insonorisation des habitations
Genève Aéroport déploie depuis 2003 un programme d’insonorisation des habitations situées sur les huit communes limitrophes (Vernier, Meyrin, Satigny, Bellevue, Genthod, Versoix, Pregny-Chambésy et le Grand-Saconnex).
En 2022, plus de 4'150 logements ont été insonorisés pour un montant de 58,73 millions de francs. Depuis le début du lancement du programme et jusqu'en 2022, le pourcentage des bâtiments insonorisés est de 28,8%.
Le deuxième concept de mesures d’isolation acoustique est en cours et prévoit budget de 87 millions.
6. Freinages bruyants interdits
L’usage de l'inverseur de poussée (reverse) est interdit sur la plateforme sauf en cas d’impératif de sécurité. Cette méthode, qui consiste en une déviation du flux d'air, permet de réduire la vitesse de l’avion lorsque les roues sont posées ainsi que la distance de freinage. Elle est particulièrement bruyante.
7. Réduction des mouvements après 22h et couvre-feu de minuit
Aucun mouvement d’avion (atterrissage ou décollage) ne peut être planifié sur la plateforme entre minuit et 6h du matin. Les vols commerciaux planifiés et en retard peuvent évoluer sur la plateforme jusqu’à 00h30. Au-delà de cet horaire, les atterrissages seront déviés sur d’autres aéroports, comme Lyon Saint-Exupéry par exemple.
Les atterrissages de détresse, les vols sanitaires, militaires ou de sauvetage ainsi que les vols d’État autorisés par l’office fédéral de l'aviation civile (OFAC) sont également autorisés.
Une attention particulière est portée sur les atterrissages et décollages après 22 heures. Les mouvements nocturnes sont les plus sensibles du point de vue des riverains: leur impact est considéré comme dix fois supérieur aux vols de la journée dans le calcul des courbes de bruit.
Légalement, les décollages des vols de ligne sont autorisés sur la piste entre 6 heures et minuit 30 (0h30). Depuis plusieurs années, Genève Aéroport a volontairement entrepris de les restreindre dès 22 heures. Seuls trois vols intercontinentaux, peuvent, au maximum, recevoir un créneau de départ au-delà de 22 heures.
Genève Aéroport travaille par ailleurs à limiter les décollages en retard sur l'horaire et survenant après 22 heures.
Les décollages à contresens sont limités au maximum après 22 heures afin de préserver les riverains.
Auteur
Anne-Elisabeth Celton
Rédactrice