Vous les avez sûrement remarquées en levant les yeux au ciel : de longues traces blanches laissées après le passage d’un avion. Ces marques sont des «traînées de condensation» (contrails). D’où viennent-elles ? Sont-elles dangereuses ? On démêle le vrai du faux sur ce sujet.
« Les traînées blanches sont des traces de fumée »
FAUX. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les traces ne sont pas de la fumée mais bien de la glace. Elles apparaissent lorsque l’air brûlant des réacteurs (500-700°C) entre en contact avec l’air glacial qui règne en altitude (environ -55°C à 11’000 mètres).
Au contact de la température très faible en haute altitude, la vapeur d’eau gèle et forme des minuscules particules de glace, responsables de ces fameuses traînées blanches.
En résumé, elles se produisent :
– dès 8’000 mètres d’altitude
– quand le taux d’humidité est supérieur à 68°C
– si la température est inférieure à – 39°C.
« La forme et la durée de vie des traînées de condensation varient en fonction des conditions ambiantes à l’altitude de croisière », précise l’Office fédéral de l’aviation civile, qui a publié un document de référence sur ce sujet.

« Elles annoncent la pluie demain »
VRAI. Ce n’est pas une légende urbaine : si vous voyez des traînées de condensation plus d’une dizaine de minutes dans le ciel, préparez vos bottes, c’est le signe que le risque de pluie est élevé !
Certaines traînées de condensation disparaissent en quelques secondes, d’autres en quelques minutes. Pour qu’elles persistent, deux conditions doivent être réunies : l’air doit être à la fois
– très froid
– très humide.
En clair, plus l’air est froid et humide, plus les traces seront visibles longtemps.
« Elles participent au réchauffement climatique »
VRAI. Les traînées blanches émises par les avions ont un impact significatif sur le climat. Lorsqu’elles persistent pendant plusieurs heures et couvrent une partie du ciel : on parle de « cirrus d’altitude induits ». Il s’agit de nuages très fins, couvrant de grandes surfaces. Les traînées persistantes et les cirrus induits absorbent une partie du rayonnement provenant de la terre et le réémettent vers le sol. Ils participent ainsi au réchauffement climatique.
Leur impact est difficilement quantifiable avec précision. Les études scientifiques1 estiment généralement que leur impact est potentiellement deux fois plus important que celui des émissions de CO₂ de l’aviation.

« Les traces blanches sont des produits chimiques largués par les avions »
FAUX. Une théorie du complot, née dans les années 60, a répandu l’idée des
« chemtrails », traduction en anglais de « traînées chimiques ». Elle a pris de l’ampleur dans les années 2010 sur les réseaux sociaux. Selon ces idées, les avions largueraient volontairement des substances pour contrôler la météo, la population ou la santé publique.
C’est totalement infondé : aucune preuve scientifique n’existe pour soutenir de telles affirmations. Les traînées sont le résultat d’un phénomène physique bien connu, observé depuis les débuts de l’aviation à réaction.
1 D.S. Lee (2020), The contribution of global aviation to anthropogenic climate forcing for 2000 to 2018